La « Terre de Rupert », c’est ce territoire de la nation Cris dans le presque Nord. Quand on s’y rend, on dit souvent qu’on va « à la Baie James ». On parle du même endroit. Ce n’est pas encore le Nunavik, mais c’est toutefois là que les routes s’arrêtent. C’est techniquement notre « bout du monde », un endroit aux distances extrêmes, aux rivières grandioses, à la nature généreuse; bref un univers difficile à saisir pour la majorité des urbains de sud.
Ce territoire vit présentement des bouleversements sociaux, culturels et économiques sans précédent depuis la signature de La Paix des Braves en 2002. L’entente est littéralement un « traité de paix » et un partenariat économique de nation à nation entre le Québec et les Cris. Dans cette entente, la rivière Rupert, ou plutôt son énergie, son courant, sa force, était au cœur des demandes du Québec pour ses besoins énergétiques.
La Rupert, pour les Cris de Mistissini, Nemaska et Waskaganish, c’est un peu comme notre fleuve St-Laurent. Ces communautés vivent littéralement au bord de la « Mighty River ». Ils y pêchent ou ils chassent aux alentours. Pour donner un gros bout de cette rivière, il fallait absolument qu’ils soient au cœur de tous les nouveaux projets des Québécois, de toutes les étapes, de toutes les décisions et surtout de toutes les retombés économiques. C’est un peu ce qui est arrivé, sans unanimité, mais sans trop d’oppositions non plus.

Nous voulons connaître le mode de vie des habitants de la Terre de Rupert en 2011. Nous voulons découvrir cette nouvelle coopération entre les femmes et hommes de ces deux Nations, autour d’un projet d’ingénierie plus grand que nature. Au cœur du cœur de notre documentaire, nous retrouvons des personnages qui incarnent ce territoire unique en mutation : trappeurs, scientifiques, ingénieurs, chauffeur de taxi, pêcheurs, manœuvres, artistes ou même Grand Chef.
Chroniques de la Terre de Rupert est écrit et réalisé par Nicolas Renaud et mis en image par le directeur photo Carlos Ferrand.